TEST Gran Turismo 5

[TEST] Gran Turismo 5

  Miniature du jeu Gran Turismo 5Jamais un jeu n'aura suscité autant de remous, de rumeurs, d'impatience, de désespoir même. Polyphony Digital, dirigé par Kazunori Yamauchi, amateur de voitures et perfectionniste à l'extrême, a essayé de calmer cet empressement des fans à coup de démos, comme Gran Turismo HD (sorti en même temps que la PlayStation 3), ou encore Gran Turismo 5 Prologue. Les vidéos et photos ont également fusé, et le moins que l'on puisse dire est que tout ça nous a mis l'eau à la bouche.
On n'y croyait plus, les nombreux reports de la sortie du jeu y sont pour beaucoup. Mais l'attente est désormais terminée, il est là !!
Alors, les promesses ont-elles été tenues ? Avons-nous là le chef d'oeuvre annoncé ? L'arrivée des dégâts sur les véhicules est-elle à la hauteur des attentes des fans ? Passons à l'atelier afin de vérifier si Gran Turismo 5 tient aussi bien la route que ce que Kaz laissait entendre.

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Ben quoi, c'est juste un jeu de voiture, non ?

Vos proches ont souvent dû vous faire cette remarque devant votre excitation pour ce jeu. Même eux doivent être soulagés qu'il soit enfin sorti. En effet, combien d'entre vous se sont vengés au volant de leur propre voiture, en démarrant en trombe au feu rouge, en collant le véhicule qui vous précédait pour chercher l'aspiration afin de le doubler sur une voie rapide limitée à 90, ou encore en prenant les virages à la corde en pleine ville tout en manquant de faucher le chien de la pauvre mamie qui espérait que vous la laisseriez traverser la route tranquillement ?
Maintenant que votre solde de points sur votre permis a bien fondu, vous allez pouvoir exprimer votre talent de pilote chevronné sur votre écran, sans risque pour les piétons.
Mais avant de découvrir ensemble Gran Turismo 5 en détails, petite piqûre de rappel sur l'histoire de la saga. Bien évidemment, je ne met absolument pas en doute votre culture vidéoludique, mais nous avons peut-être des lecteurs anciennement ermites et qui découvrent seulement maintenant les joies de la vie moderne (téléréalité, politique, restauration rapide et autres plaisirs). Alors amis ermites ou curieux en tous genres, la suite est surtout pour vous.


Gran Turismo apparaît pour la première fois en décembre 1997 au Japon et en mai 1998 dans le reste du monde sur PlayStation. Il s'autoproclame "The Real Driving Simulator" - Le Simulateur de Pilotage Réaliste.
A l'époque, il fait l'effet d'une véritable bombe. En effet, à part quelques jeux de voitures au comportement plus que farfelu ou aux graphismes insupportables pour toute personne dotée de la vue et d'un minimum de bon goût, les amateurs de vitesse n'avaient pas grand chose à se mettre sous la dent, à part peut-être Sega Rally en borne d'arcade, mais à moins d'être issu d'une famille de forains, difficile de disposer d'une borne d'arcade aussi souvent qu'on le souhaiterait.
Le jeu de Polyphony Digital, entité de Sony, bouscule tous les codes avec un niveau de réalisme jamais vu jusqu'alors. Le nombre de voitures est astronomique, les circuits un peu moins, mais tout est là pour que le joueur se sente comblé : comme dans la vraie vie, il faut passer quelques épreuves afin d'obtenir son premier permis, nous autorisant à aller chauffer la gomme sur la piste.
Les épreuves remportées vous permettaient alors d'augmenter les capacités de votre véhicule en vous donnant la possibilité de mettre les mains dans le cambouis : quasiment tout peut être modifié, des pneus au système d'échappement, en passant par l'armature de la voiture, puisque vous aviez la capacité de l'alléger encore plus et de gagner quelques micro-secondes, souvent synonymes de victoire face à des adversaires assez coriaces.
Les sensations de vitesse, la beauté du jeu (certes dépassé aujourd'hui, mais réellement au-dessus du lot pour l'époque), l'immense gamme de véhicules disponibles et surtout le réalisme poussé à l'extrême ont fait de Gran Turismo bien plus qu'un simple jeu de voitures : une référence.



Sur PlayStation 3, les joueurs ont pu calmer leur impatience grâce à Gran Turismo HD Concept, démo gratuite sortie en même temps que la console, en mars 2007. Cet amuse-gueule était à la fois alléchant et frustrant : un seul circuit disponible, mais de toute beauté (un tracé dans les Alpes suisses, aux allures de carte postale), une vingtaine de véhicules jouables et seulement deux modes de jeu. Mais s'agissant d'une démonstration, il est vrai que nous n'espérions pas plus de contenu. Cet opus marque l'arrivée de la licence Ferrari, fait non négligeable.
Un an plus tard, en mars 2008, Gran Turismo 5 Prologue débarque en Europe. Il s'agissait là d'une grosse mise en bouche, à mi-chemin entre la démo et le jeu complet, mieux loti en terme de circuits, d'épreuves et d'autos.
Depuis, les rumeurs n'ont cessé d'affluer quant aux nouveautés accompagnant Gran Turismo 5 : la licence Nascar, une gamme de véhicules Premium, un mode multi-joueurs, une vue cockpit, un éditeur de circuit, la transition jour-nuit, des conditions climatiques changeantes, et surtout les dégâts de carrosserie.

En voiture, siphonne

Le Père Noël Gran Turismo 5 débarque avec une hotte qui paraît bien lourde aux premiers abords : 1031 véhicules, rien que ça ! Ça c'est du cadeau ! Les yeux sont ébahis devant une telle foultitude de monstres mécaniques ! Par contre, le nez n'est pas du même avis que ses deux acolytes du dessus : il sent l'arnaque !
Et à bien y regarder, effectivement, il y a du réchauffé dans cette hotte : seules 200 voitures environ sont réellement des nouveautés. Le reste est issu des anciennes versions de la saga, et pour le passage à la haute définition, elles n'ont même pas été maquillées comme des voitures volées (désolé, mais il fallait que je la place, l'occasion était trop belle) mais à peine lissées. Et pour couronner le tout, elles sont privées de la nouvelle vue cockpit et des dégâts matériels, réservés à la gamme Premium.


Autre point noir : toute la gamme Standard est classée dans la partie "Occasions", il faudra donc éplucher une liste assez austère pour trouver votre bonheur, au lieu de se rendre directement chez le concessionnaire. Assez frustrant, d'autant que les véhicules ne seront pas tous disponibles dès le départ.   
Mais la présence de deux monstres sacrés des supercars, Ferrari et Lamborghini, qui foulent enfin les circuits de Gran Turismo, (même si la marque au cheval cabré a fait une petite apparition dans la version Prologue) suffira à faire oublier cette classification assez déroutante.
Et il est nécessaire de souligner que le travail fait sur les véhicules Premium est d'une qualité époustouflante. Tout y est, du compteur fidèle à l'original au pommeau de vitesse, en passant par l'ordinateur de bord. Bluffant. Il manque juste le petit sapin nauséabond au rétroviseur ! Alors certes, voir les commandes de volume de l'autoradio ne vous sera pas d'une grande utilité en pleine course, mais pouvoir lire les informations concernant l'usure des pneus ou la jauge d'essence vous sera indispensable si vous voulez finir en tête.
Il vous faudra passer chez le préparateur afin de gonfler les capacités de votre bolide. Pour cela, un large choix d'améliorations s'offrira à vous. Cet aspect du jeu ne présente pas de grandes nouveautés pour les habitués, on reste dans du très classique.
A noter également de petites nouveautés comme le kart ou des courses en Combi Volkswagen entre autres, mais cela ne constitue en rien une révolution, vu le nombre très restreint de courses où ces derniers sont utilisables.


Votre malus ne va pas être énorme

Les dégâts sur carrosserie ont longtemps été réclamés par les fans du jeu. Polyphony Digital les intègre enfin dans cette édition, mais cela ne va sans doute pas combler les attentes : en effet, seule la gamme Premium est concernée par cette nouveauté, pour les autres véhicules, il faudra repasser.
Alors, allez-vous pouvoir faire voler votre bolide en éclat ou faire tomber le pare-choc de vos concurrents ?
Pas vraiment. Loin de là même, à vrai dire. Les seuls dommages que vous verrez se limiteront à des rayures ou des petits enfoncements de la carrosserie. Certes, les amateurs de Gran Turismo ne recherchent pas un jeu dans la lignée de Destruction Derby ou de Need For Speed, mais on s'attendait clairement à un résultat plus spectaculaire, plus réaliste. Le "Real Driving Simulator" n'est finalement pas aussi réel que ce que l'on espérait.


Le réalisme du titre est également entamé par le comportement de vos adversaires : ils suivent tous le même parcours, regroupés dans un peloton trop homogène, et n'hésiteront pas à piler au moindre impact. Plutôt déroutant, même si Polyphony nous a habitué à cette intelligence artificielle trop sage depuis le premier épisode.

Le plus beau des jeux de voitures ?

Chose prévisible au vu de la qualité des vidéos précédant la sortie du jeu, Gran Turismo 5 est splendide, voire même photoréaliste. Les reflets sur la carrosserie sont toujours impressionnants, le bitume est parfaitement modélisé, et les décors ressemblent à tout sauf à du virtuel. Seuls les spectateurs mettront la puce à l'oreille au néophyte croyant regarder une vraie course automobile, tant leur comportement de fanatique surexcité mais en partie paralysé (maladie terrible, ne souriez pas) paraîtra suspect.
Déception également au niveau des véhicules standard, sur lesquelles on remarquera que le travail fourni a été beaucoup moins intense que pour la gamme Premium. L'oeil averti verra immédiatement l'aliasing sur les carrosseries des voitures d'occasion, et nul besoin d'être spécialiste en la matière pour constater que les ombres sont tout sauf naturelles : le crénelage qui délimite les contours de ces dernières est tout à fait indigne d'un titre misant tout sur le réalisme.
On se consolera avec les transitions jour-nuit parfaitement retranscrites ou encore les changements climatiques. Tout ceci est nouveau pour ceux qui n'ont connu que cette simulation automobile, mais ceux qui auront goûté à un titre comme Formula One par exemple verront tout de suite que la pluie est loin d'atteindre le niveau de qualité que la PlayStation 3 est capable de fournir : les gouttes arrivant sur le pare-brise ont plus des aspects de brume que d'eau.


Ceci laisse un goût d'inachevé, et l'on se demande finalement comment a été mis à profit le temps supplémentaire que s'est accordé Polyphony Digital en retardant sans cesse leur titre phare. Ils ont, peut-être malgré eux, placé la barre haut, très haut, et même si Gran Turismo 5 est à mille lieues d'être laid, on attendait la perfection. Certes, elle n'existe pas, mais à force de l'avoir promise, et bien elle était attendue.

Laisse le GPS dans la boîte à gant, je connais la route

Côté circuits, la liste est longue de prime abord : ils atteignent le nombre jubilatoire de 71. Mais l'euphorie est de courte durée : beaucoup sont juste des variantes d'un parcours principal, tantôt à l'envers, tantôt légèrement modifiés. Et ne vous attendez pas à arpenter 71 pistes complètement inédites : beaucoup sont issues des précédentes versions de Gran Turismo.
Reconnaissons tout de même que les circuits en pleine ville sont époustouflants, à tel point que l'on a parfois envie de se garer sur le bas côté pour admirer le soleil se couchant sur un décor de rêve.


Autres nouveautés, mais qui s'adressent à un public éclairé : la présence du Nascar, courses qui voient s'affronter des concurrents sur des pistes ovales dont raffolent les américains, ainsi que du circuit servant de piste d'essai au Stig, pilote émérite officiant dans un show TV britannique considéré comme la meilleure émission d'automobiles au monde : Top Gear.
Les plus inventifs d'entre vous trépignent d'impatience à l'idée de créer leur propre parcours via l'éditeur de circuits, mais ils déchanteront rapidement puisque la liberté offerte par ce mode est aussi grande que celle accordée par un dictateur nord-coréen à des journalistes indépendants. Seuls le nombre de portions, le climat, l'heure et le sens de circulation seront modulables. Concernant les portions, vous aurez un choix de sinuosités assez limité. Assez dommage, l'idée de départ était bonne.


Garantie 3 mois ou 1 000 000 de kms

La durée de vie de Gran Turismo 5 ne dépendra que de vous-même : soit vous vous lasserez au bout de quelques mois passés à débloquer des permis qui n'apportent finalement pas de grand intérêt au plaisir de jeu, si ce n'est apprendre les bases de la conduite aux novices, soit votre addiction sera énorme et vous ne le sortirez de votre console qu'à la sortie du prochain volume de la saga.
Paradoxal quand on voit le nombre d'épreuves ou de championnats disponibles. Mais à moins d'être fanatique, arpenter les mêmes circuits des dizaines de fois, même avec des véhicules différents à chaque fois, dans le but de grappiller quelques malheureux centièmes de seconde pour décrocher la première place peut s'avérer lassant à la longue.
Hormis le mode Arcade et le multi-joueurs, dans le classique mode Carrière, baptisé ici GT-Life, deux types de jeu seront présents : A-Spec et B-Spec. Le premier sera celui qui sera utilisé par ceux qui veulent exercer leurs talents de pilote, tandis que le second mode vous mettra dans la peau d'un directeur d'écurie. Ne vous attendez pas à quelque chose de très prenant ou addictif, puisque vous vous contenterez de donner des ordres (au nombre très limité) pendant la course à votre pilote. Rien de jouissif, mais efficace pour gagner des Crédits rapidement et facilement.
Le mode Rallye, faisant la part belle aux dérapages, est, comme d'habitude dans Gran Turismo, peu réaliste, même si les pistes sont parfaitement reproduites. Certes, ce n'est pas la vocation première du jeu, mais on aurait aimé enfin pouvoir vivre des sensations plus proches de la réalité. Petite consolation : vous pourrez défier Sébastien Loeb dans une épreuve des plus ardues.


Un système de niveaux fait son apparition dans ce cinquième épisode. Au fur et à mesure des courses et épreuves de permis, vous cumulerez des points, nécessaires pour passer au niveau supérieur. Ceci débloquera l'accès à certains permis ou championnats, mais pas seulement : bon nombre de véhicules seront impossibles à acheter sans avoir atteint un certain stade. Les Crédits, monnaie utilisée dans Gran Turismo, ne suffiront plus.
Si vous voulez vraiment augmenter la durée de vie, et si vos moyens (les vrais, pas ceux du jeu ! ) vous le permettent, s'équiper d'un volant vous procurera l'impression que vous ne jouez plus au même jeu. Les sensations de conduite s'en trouvent décuplées, et la manière de piloter est complètement différente. On sent bien ici les effets de la collaboration avec Sébastian Vettel : le plus jeune champion de Formule 1 de l'histoire a servi de testeur et de cobaye à l'équipe de Kazunori Yamauchi.


Et si par chance vous faites partie du cercle d'amis d'une certaine dame d'un âge avancé à la tête d'un empire des cosmétiques un peu sénile, profitez de sa générosité pour en plus ajouter un écran 3D à votre équipement de joueur. Avec tout ça, vous risquez de ne pas décoller de votre siège (tant qu'à faire, autant en profiter au maximum puisque la pauvre dame ne sait pas dire non ! ). C'est là que l'on se rend vraiment compte que Polyphony Digital a mis le paquet pour créer une expérience de jeu inégalée. Malheureusement, tout cela nécessite un budget conséquent si vous voulez vous prendre pour un pilote professionnel.
Le mode on-line, jusqu'à 16 joueurs, augmente la durée de vie et vous offre la possibilité de vous frotter à des adversaires du monde entier. La fréquentation des salons est donc élevée, mais l'accès n'y est pas aisé : on est vite perdus devant un menu très peu intuitif, et quelques bugs sont à déplorer pour le moment. Espérons qu'une mise à jour viendra corriger tout ça rapidement.



ok

Après des années d'attente, passées à scruter toutes les vidéos et images du jeu inondant la toile, Gran Turismo 5 arrive en concession avec son lot de bonnes et mauvaises surprises. Il reste probablement le meilleur simulateur de course actuel, même si quelques déceptions, comme par exemple la gestion des dégâts, viennent noircir le tableau. Si vous êtes amateurs de belles choses, de graphismes époustouflants, et de compétitions endiablées face aux pilotes du monde entier, il vaut largement le détour  : pour le prix d'un plein d'essence, vous vous offrirez plus de 1000 véhicules.



Points positifs
Plus besoin d'attendre, il est enfin là !
Graphismes splendides, décors de rêve, surtout en 1080p et en 3D
Changements climatiques
Nombre de véhicules
Ferrari et Lamborghini !
Vue cockpit parfaitement reproduite pour la gamme Premium
Multi-joueur très fréquenté
Durée de vie illimitée
Nombre d'épreuves et de circuits

Points négatifs
Aliasing sur les ombres et les véhicules standard
Mode Rallye ou Kart peu réaliste
Gestion des dégâts très limitée
Voitures Standard peu mises en valeur, voire aux oubliettes dans la partie "occasions"
Trop de voitures Japonaises (ou pas assez de voitures occidentales, à vous de voir)
Peut être redondant pour les novices

Source : Azzedine Garouche

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